
[ No 24 ]

PERSONNAGE - EILEEN

Personnage

11 FEBRUARY 2025
Eileen
Druide demi-elfe
Nul ne sait d’où elle vient, m’a-t-elle confié, seulement qu’un matin, un nourrisson fut découvert à la lisière de la forêt, abandonné aux caprices du destin. Mais la nature ne l’a pas laissée périr. Élevée par une meute de loups, elle a grandi loin des hommes, apprenant les lois de la terre et du ciel, chassant, traquant, écoutant le murmure du vent et le chant des ruisseaux. Elle n’était plus une enfant, mais une créature de la forêt, aussi sauvage et insaisissable que l’ombre entre les arbres.
Un jour, un villageois l’a trouvée et, au lieu de la craindre ou de la repousser, il lui a enseigné la langue des hommes et les subtilités de leur monde. Mais elle ne s’est jamais véritablement attachée à la civilisation. La forêt est restée son foyer, les loups sa famille. Pourtant, au fil des décennies, elle a tissé un lien fragile mais sincère avec les villageois, devenant leur guérisseuse, leur intermédiaire avec les forces de la nature.
Son frère loup, Sköll, l’accompagne durant cette quête. Toujours en retrait, il garde une certaine distance avec le groupe, mais sa présence est indéniable. Ses yeux dorés veillent, tapis dans l’ombre, et son pas feutré ne trahit jamais sa vigilance. Elle m’a dit que jamais il ne s’approchait trop, mais jamais il n’était loin.
La forêt, en retour de son dévouement, lui a offert un bâton : Skálvindir. Un bois ancien, lisse et noueux à la fois, imprégné de la sagesse des âges. « Il veille sur moi », m’a-t-elle murmuré en me le montrant. « Le jour, il émet un léger sifflement quand un danger approche, mais seule moi peux l’entendre. » Et la nuit, lorsque les ténèbres rendent le monde incertain, il lui indique toujours le nord, lui soufflant la bonne direction d’une brise discrète, perceptible seulement si elle regarde droit devant elle.
« Aujourd’hui, après quarante ans d’existence, je marche entre deux mondes », m’a-t-elle dit d’une voix calme, les yeux perdus dans la pénombre des arbres. « Lorsqu’un chasseur outrepasse les lois sacrées de la forêt, je suis là pour rappeler que la nature n’oublie jamais. Lorsqu’une bête affamée s’aventure trop près des fermes, je murmure aux esprits pour apaiser sa faim. »
Elle m’a regardé avec une intensité qui m’a fait frissonner. « Je n’appartiens ni aux hommes ni aux bêtes. Je suis le lien, le souffle du vent entre les arbres, l’ombre fugace au clair de lune, une druide guidée par l’appel profond de la nature. »
Ses mots résonnent encore en moi, comme un écho venu du cœur de la forêt elle-même.
Athgar Claire-Lune